jean-baptiste-se-souvient-de-ce-jour-tragique...le-15-juin-1944

Témoignage

Jean-Baptiste Poupiot, frère de Marcel, pendu par les Allemands, le 15 juin 1944, se souvient des tragiques événements survenus ce jour-là. Il avait tout juste 19 ans.

Le 15 juin 1944, une compagnie militaire allemande est arrivée, à Laurenan, conduite par des cultivateurs finistériens, en voiture hippomobile. Cette compagnie se rendait sur le front de Normandie.

Deux militaires allemands sont venus voir mon père, maire de la commune de Gomené, pour qu’il nomme d’autres cultivateurs, pour remplacer les Finistériens, afin de les conduire à destination. Mon père a alors envoyé mon frère, Marcel, prévenir quelques cultivateurs de se rendre, à 15 h, à Laurenan.

Personne n’était au rendez-vous fixé. Deux militaires sont alors revenus à Gomené, chez mon père, pour obtenir des informations. Ils se sont assis à table, en attendant la réponse. Soudain, deux individus armés entrent chez nous, en criant « haut les mains ». Toutes les personnes présentes, y compris plusieurs clients du commerce de mon père, ont levé les bras. Ces deux individus, patriotes, ont tiré en direction des deux Allemands, puis sont partis. Un Allemand a été blessé au pied, l’autre n’a pas été atteint.

Les deux militaires allemands sont repartis à pied. À Roquetton, ils ont demandé, à M. Rocaboy, de les conduire, en voiture à cheval, jusqu’à Laurenan. Je me suis dit qu’il allait y avoir des représailles. J’ai donc décidé de partir vers Ménéac, avec deux amis.

Avant notre départ, j’ai dit à papa de prévenir mon frère Marcel de nous rejoindre. Marcel n’a pas voulu : « Je reste, dit-il, les Allemands ne peuvent rien, car j’ai accompli la tache demandée. » La compagnie allemande est arrivée au bourg de Gomené en chantant.

Sur leur trajet, ils avaient pris les frères Posnic en otage, qui ont marché les bras en l’air jusqu’au bourg. Arrivés à Gomené, les Allemands ont pillé notre maison, puis ont entassé des fagots et y mirent y le feu.

Certains militaires ont escorté Marcel pour se procurer une échelle et une corde. Ensuite, ils ont rassemblé tout le village, y compris le curé. Les Allemands criaient : « Bourgmestre et ses deux fils, terroristes ! » Sous les yeux des habitants, ils ont pendu Marcel, ainsi qu’un autre jeune, Edmond, de Blaye, venu en vacances, à Gomené.

Les Allemands sont ensuite repartis vers Laurenan, toujours en chantant, sans aucun regret. »

Les commentaires sont fermés.

Archives